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16 avril, 2018

EN FRANÇAIS, S.V.P. !!!




Par Louise V. Labrecque

La langue, c’est cela qui importe.
 La langue, c’est la poésie des mots,
mais aussi et surtout celle des choses,
celle des sens, du sens et du non-sens,
celle des sensations que l’on éprouve
durant ce court rêve éveillé qu’est la vie.
Citation de Georges Dor
chanteur, écrivain et parolier québécois (1931- 2001)





Que dois-je faire pour me franciser de manière adéquate? Cette question est l’une de celles qu’un nouvel arrivant se pose à tous les jours avant de poser le pied sur le sol du Québec. On peut se demander, en effet,  quelle est rationnellement la meilleure action à entreprendre afin d’atteindre ce but. Ainsi formulé, ce type de question dépasse l’aspect technique pour entrer au cœur de l’éducation, dans ses questionnements sociaux et philosophiques, tout en obligeant à créer des outils, des instruments visant à déterminer l’action la plus efficace. Mais, si l’interrogation Que dois-je faire?  implique  la motivation scolaire, c’est qu’elle renvoie à la volonté de bien faire, alors là nous avons affaire à l’une des questions fondamentales en éducation. Qu’est-ce que « vouloir bien faire » pour apprendre le français? Comment pouvons-nous faire,  considérant que l’apprenant arrive d’un autre pays, tellement éloigné du nôtre, et portant ses différences dans tous ses contrastes, tant dans la sphère privée que dans la sphère publique, et en éducation, notamment.  Devons-nous agir à la façon d’un guide, afin de l’aider dans le choix de ses découvertes langagières, « en faisant image » sur tout ce qui précède le langage ? Oui, dans un premier temps, nous devons établir ce premier lien, pour cette ouverture préconsciente de la langue à aborder, surtout si celle-ci est tellement éloignée de la langue maternelle. La raison? Il faut permettre le plaisir dans l’apprentissage, afin de créer une porte d’entrée dans la pensée profonde de la langue, pour un apprentissage en amont. C’est là, dans un premier temps, que se retrouve «  la pensée de ce qui fait image », par exemple, l’image de l’arbre, celle qui envahit le monde, précède le mot «  arbre »; cela suppose comme une révolution intérieure, un renouvellement : l’image de l’arbre entre à l’intérieur du mot «  arbre « ; de la même manière, on change soi-même en partant vers un autre pays, en apprenant une nouvelle langue et une nouvelle manière de vivre et de penser.  De ce fait, quels principes devraient guider notre travail si nous souhaitons aider un nouvel arrivant à apprendre la langue française ? Comment éviter les blocages liés peut-être à cet apprentissage ?  Afin de pouvoir dépasser l’obstacle, il est primordial d’apprendre à évacuer le stress et la fébrilité, en prenant conscience du fait que «  la vie (en français), c’est maintenant » ; nous devons donc mettre en place, très concrètement, une méthode de travail afin d’instaurer un climat de tranquillité, de calme, pour l’élaboration d’une pensée en français, un nouveau cerveau, une nouvelle façon d’appréhender le réel, une nouvelle façon de penser et de créer, en français. De manière pratique, cela passe également par l’acquisition d’habilités nouvelles, permettant d’autres moyens, d’autres puissances. Ainsi, nous devons métaphoriquement casser des cages; idéalement, cela devrait inclure également un pan large de découvertes personnelles, en plus de la découverte de la langue française,  de par une mise en lumière de notre société, de ses mœurs, ainsi que de la façon dont on vit, quotidiennement, en français, au Québec. L’apprenant possède, avant la compréhension de la langue, cette intelligence de discerner les images, de percevoir la langue, comme une prélecture, c’est-à-dire «  lire la vérité entre deux choses ». La flamme de la connaissance, c’est aussi une forme de discrimination positive, comme celle permettant de « deviner » un texte. Nous sommes ici dans le pré conscient, mais cette flamme existe bel et bien, avant même l’expression de la nouvelle personne en devenir, celle sachant parler, écrire et penser, en français. En somme,   le « moi  qui apprend » existe avant le moment où il éprouve des sensations en français, et qu’il arrive à exprimer, à communiquer, pour comprendre les choses pratiques.  Plus tard, l’accumulation des images et des mémoires pavera la voie à une richesse et à une précision du vocabulaire. En somme,  avant tout, «  il faut marcher avant de courir «  et nous devons, pour ce faire, explorer le domaine de la connaissance intuitive, celle-ci est nécessaire et dans le temps «  hier », « aujourd’hui », « demain » ; plus tard, la suite logique amènera l’apprenant vers la division du temps, par exemple, dans le cadre des notions liées au monde du travail et aux obligations de la vie de tous les jours.  L’enseignante en francisation doit être en mesure de devenir véritablement comme un guide et/ou un modèle, un peu à la manière d’un passeur culturel, et non pas seulement un professeur de français, un sens strict du terme. L’action ne sera ainsi pas réductrice, car il est tout à fait possible, lorsqu’il y a la notion de plaisir dans les apprentissages, d’évaluer ce principe par l’image. Bref, pour apprendre et aimer une langue, il faut atteindre comme un état d’innocence. Une tranquillité de l’attention est souvent possible lorsqu’il n’y a plus les mots. Cela veut dire partager, discuter, créer ensemble. Essentiellement, le but ultime serait d’entrer au cœur de l’enseignement de la langue française, afin de l’observer de l’intérieur, pour l’apprendre mieux, pour toucher ainsi le cœur de son essence, même. Par exemple, c’’est une observation de la nature, du temps, des distances entre l’apprenant et les parties d’une journée : comment commence t’elle/comment se termine t’elle ? Dormir, manger, travailler; également, ce sont comme des petits voyages «  la nuit », «  le matin », « le midi », « l’après-midi », « le soir » « . Le déroulement d’une journée, c’est aussi un peu comme lire une partition musicale. Là où les mots ne peuvent plus rien décrire, nous devons parfois « voir » les choses au-delà des mots, pour ne pas se faire piéger par des descriptions trop formelles. De ce fait, l’apprentissage des parties d’une journée, c’est aussi apprendre la naissance, la renaissance perpétuelle. Et cela, en français, s.v.p. ! En psychoéducation, nous touchons également ici aux questions de l’attachement. Il y a dans les images la source des mots; il y a l’unité de la pensée. Par exemple, nous devons terminer les problèmes à chaque jour, ne pas les reporter au lendemain, pour s’éveiller avec une fraîcheur extraordinaire; nous cultivons ainsi l’harmonie, pour apprendre toujours davantage, certes, mais aussi pour apprendre de mieux en mieux.  L’idée est donc une construction d’une banque toujours nouvelle d’images et de mots, afin de faciliter le transfert des connaissances, comme pour le sens d’une semaine, d’un mois, d’une saison, d’une année, d’une décennie, voire d’une vie.
Pour atteindre cet objectif, il faut regarder et contempler plusieurs images,  réciter individuellement des mots de vocabulaire, répéter avec d’autres; il faut  y mettre une belle énergie, une motivation réelle, pour la construction des jeux de mots, pour la découverte des objets, des calendriers, des agendas, exercices «  J’aime/J’aime pas « et privilégier au final l’étude dans un cadre capable de faire du sens, tout en portant un regard lucide et concret sur la société québécoise, par la langue, dans une perspective éducative, sociale, politique, artistique et personnelle.

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