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21 septembre, 2012

Lettres à un jeune politicien


Revue de livre par Mathieu Bock-Côté


Il s’agit d’un tout petit ouvrage. Mais d’un très beau livre. Je parle de Lettres à un jeune politicien (VLB, 2012) de Lucien Bouchard. Celui-ci nous avertit d’entrée de jeu : il ne s’agit pas d’un condensé de sa pensée politique. Non plus que d’un livre de Mémoires («pas encore», précise-t-il). Plutôt d’une série de lettres à un jeune plus ou moins imaginaire pour le convaincre de s’engager en politique. L’exercice se situe à mi-chemin entre la confession autobiographique et de la philosophie de l’action.

Bouchard y revient sur son parcours pour en tirer quelques leçons. Il survole certains grands problèmes du Québec contemporain. Il se livre surtout à une méditation sur l’engagement politique, sur les vertus et les limites de l’homme d’État. À l’ancienne, on dirait qu’il réfléchit sur la grandeur et sur le déclin du politique. Il parle en connaissance de cause. Lucien Bouchard s’y livre à son meilleur. L’homme s’y exprime avec aplomb. Et sans rancune. Celui qui le lira comprendra mieux la politique. Plusieurs se sentiront interpellés par le message qui s’y trouve.

À quoi sert la politique ?

La question de fond qui traverse l’ouvrage, c’est le rôle de l’action politique. À notre époque, on s’en moque. On survalorise l’économie, la technologie, l’éthique, la communication, l’humanitaire. Mais la politique n’a plus le beau rôle. Un jeune homme ou une jeune femme qui rêve d’engagement ne se mettront plus au service de l’État. Bouchard le soutient : les meilleurs ne s’y engagent plus. Ils ont peur de s’embourber dans la bureaucratie, de se faire lessiver par la presse, de trop y sacrifier sans y obtenir de réelles gratifications. Bouchard est pourtant clair : il faudrait en revenir à une vision élevée de la politique. Elle n’est pas qu’une petite arène où se joue la comédie de l’ambition.

Le politique, c’est le lieu où une société se projette collectivement, où elle s’imagine un destin. «L’avenir du Québec […] passe obligatoirement par la voie politique» (p.114). C’est le lieu d’intersection entre l’idéal et le principe de réalité. L’homme politique doit porter l’idéal et projeter son peuple dans l’avenir. Il doit aussi savoir dire non pour éviter que la société ne se laisse avaler par un fantasme, insiste à plusieurs reprises Lucien Bouchard. L’homme politique n’est ni rêveur, ni père fouettard. En d’autres termes que les siens, la vision de la politique de Bouchard relève davantage dutragique que de l’utopique. La politique n’est pas l’instance par laquelle tout devient possible, mais par laquelle une société forge son destin à travers des choix difficiles. De la richesse ou de la pauvreté de notre conception de la politique dépend l’avenir du Québec.

La politique, nous dit-il, est une ascèse, en revenant sur les origines de son engagement. «Pour mes collègues […] et moi, le substitut à la prêtrise, c’était la politique et le désir de participer à ce vaste mouvement d’émancipation de la société québécoise que fut la Révolution tranquille» (p.30). Il y a donc, si  on le lit bien, une charge sacrée en politique – une grandeur irréductible dans l’engagement au service du commun. Cela permet d’endurer les injures, les attaques personnelles, de tolérer les mesquineries qui accompagnent nécessairement le service public – «il t’en faudra, de la force de caractère, pour surmonter le manque de respect, les critiques acerbes et les attaques personnelles» (p.78). Connait-on un seul grand homme qui n’ait pas la cicatrice d’un coup de poignard au beau milieu du dos? Bouchard pourrait appliquer ce commentaire à tous ceux qui évoluent dans le domaine public. Il faut croire aux vertus supérieures de l’action publique pour tolérer les crachats qui pleuvent sur ceux qui consentent à monter sur une tribune.

C’est à partir de cette fonction que se dessine le rôle de l’homme politique. Si je lis bien Bouchard, un politicien canalise les désirs d’une société, les explicite, et les transforme en vision et en objectifs qu’il cherchera à atteindre. De là l’importance donnée par Bouchard à la parole publique, au discours, tout au long de son ouvrage. La politique demeure l’art de la parole. Bouchard est clair avec son jeune politicien : «il faut que tu établisses avec les gens une communication fondée sur le rationnel, mais portée par la passion. Tu dois faire rêver tes auditoires, les mettre en mouvement. Ce n’est pas évident, je te l’assure» (p.64). Le grand discours, nous dit Bouchard, n’est pas qu’un exercice de style. C’est la rencontre d’une vision et d’une circonstance. L’homme politique doit savoir parler. Éveiller les émotions pour les mettre au service d’un grand projet. Connecter la passion et la raison. Il y a là une part d’intuition qui manque à ceux qui ne voient pas l’homme dans la cité mais seulement le consommateur (de biens privés ou de biens publics) dans une société segmentée en clientèles ou qui s’imaginent l’homme trop bête pour se soucier de l’intérêt général. Peut-on faire une bonne politique sans croire au moins partiellement à la permanence de la nature humaine, même si chaque culture et chaque époque la travaillent différemment?

L’éducation de l’homme politique

Ce qui exige, pour mobiliser les sentiments disponibles dans une société, une immense culture (à tout le moins, une véritable culture), une psychologie fine des émotions collectives du peuple auquel on s’adresse – ce qui implique aussi qu’on en connaisse l’histoire. On trouve là parmi les plus belles pages de Bouchard – on pouvait s’y attendre, lui qui fut le grand orateur du Québec des 30 dernières années. Mais pour parler à l’homme, il faut une culture. Une culture immense qui immunise contre les modes et qui permet de ressentir – et d’agir sur – les sentiments fondamentaux qui irriguent la cité : l’honneur, la fierté, la solidarité, sont de ces sentiments qui lient les hommes même lorsqu’ils se divisent. Je cite encore une fois Bouchard : «plus tu te renseigneras, mieux tu seras armé pour défendre tes opinions – et pour résister aux modes» (p.50). Il faut savoir suivre sa route même quand l’opinion publique va dans une autre direction.

Les passages qu’il consacre à son rapport aux livres sont magnifiques. Il y raconte comment lui, jeune homme, y trouvait dans la lecture le seul exutoire possible dans un univers réel un peu trop morne. Il apprenait et cultivait l’imaginaire. Ce n’est pas sans raison qu’il fera de la Grande bibliothèque un de ses grands projets. La chose était connue et Bouchard la confirme : il a acquis au fil des ans l’intégrale de la Pléiade. On pourrait y voir un fétichisme de collectionneur – ce ne serait pas si mal, d’ailleurs.  Et pourtant, ce serait faux. Cela témoigne surtout d’un homme qui sait ce qu’est un classique. Car on lit les classiques non pas pour s’enfermer dans le musée des humanités passées, mais parce qu’ils explorent les questions fondamentales de la condition humaine. On y revient non pas pour fuir l’homme, mais pour partir à sa rencontre.

L’homme politique qui ne sait pas qu’on gouverne mieux les hommes en les ayant étudiés profondément n’en est pas un : c’est un manager, un gestionnaire. L’homme politique qui n’est pas capable de se retirer chaque jour pendant quelques moments pour plonger dans une œuvre fondamentale risque tout simplement de mal gouverner. Car on exerce bien mal le pouvoir si la vision qu’on a de sa société se résume aux connaissances engendrées et produites par les grands appareils bureaucratiques. Le politicien n’est alors qu’un technocrate avec un mandat électoral. L’homme d’État véritable doit non seulement livrer la marchandise attendue par ses fonctionnaires, mais penser son époque, et se situer par rapport à elle – ce que dit Bouchard à sa manière en soutenant qu’il doit y avoir adéquation entre l’homme politique et «l’esprit de son temps».

La dignité de la politique

L’homme politique doit donc rassembler les hommes malgré leurs divisions. Il doit être l’homme d’exception, que sa fonction relève, et non pas un quidam, confondant l’exercice du pouvoir avec un concours de popularité. On le voit ainsi très sévère envers les bavardeurs qui acceptent – et encouragent même – le basculement de l’action politique dans la société du spectacle – envers ceux, dirait-on, qui désacralisent la parole publique. Je me permets de le citer longuement : «en plus d’être intègre et compétent, le dirigeant politique doit respecter sa fonction. Celle de ministre ou de premier ministre a besoin d’une certaine distance. Comprends-moi bien. Je ne veux pas dire par là qu’il faille se tenir à l’écart de la population. Mais il faut, selon moi, s’abstenir de participer à des émissions de variétés. Quand un politicien va se faire enguirlander dans ce genre d’émissions, c’est inadmissible parce que ça dévalorise la fonction.

Si tu exerces une fonction élective, tu dois te rappeler en tout temps qu’on t’a conféré un statut à ne pas laisser déprécier. Il ne s’agit pas de se penser plus «fin» que les autres. Un rôle institutionnel requiert un certain niveau de dignité, voilà tout. Un  premier ministre peut et doit, bien sûr, être drôle, convivial. Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive faire le joli cœur sur des plateaux remplis d’humoristes. Quand tu respectes ta fonction, tu ne dis pas à l’animateur et à ses invités : «on est des chums, tu peux me dire n’importe quoi, et moi je vais faire semblant que je trouve ça drôle. Tu m’insultes, mais je ris avec toi. Je fais partie de la gang». Voilà ce que j’appelle banaliser la fonction. On est, tu en conviendras, bien loin des enseignements du Fil de l’épée, ouvrage dans lequel de Gaulle explique que l’autorité du chef a besoin d’un certain mystère» (p.44-45). La grandeur. La réserve. La distance. Bouchard parle ici le langage de l’autorité (l’autorité n’est le pouvoir autoritaire, pour ceux qui seraient tentés par ce fâcheux amalgame) – il n’hésite pas à citer un vieux romain qui disait qu’un homme politique ne se fait pas élire pour suivre ses électeurs mais pour les gouverner. Le génie de la démocratie ne consiste pas à abolir l’autorité mais à rendre révocables ceux qui l’exercent.

Il faut donc s’engager, dit Bouchard, qui mise avec un mélange de ferveur et de candeur sur la jeunesse, comme le faisait un de nos vieux historiens dont on ne dit plus le nom et qui n’a jamais désespéré d’elle. Il la voit partout. Grouillante. Riche de projets. Désireuse de se dépasser. Mais on ne doit pas confondre. Les jeunes auxquels il s’adresse ne scandent manifestement pas des slogans anarchistes dans la rue, non plus que ne chargent les policiers en croyant y voir des représentants tardifs de la SS. La politique n’est pas que pure protestation morale ou parade de mode idéologique. Non plus que mobilisation circonstancielle. Elle est moins festive qu’austère. Cela consiste à s’engager durablement dans l’arène électorale pour exercer le pouvoir. Si on le lit bien, Bouchard parle des jeunes entrepreneurs, des jeunes avocats, des jeunes universitaires – de la jeune élite québécoise, finalement, des «meilleurs esprits» de notre société. N’a-t-il pas intitulé son premier chapitre «De l’importance d’avoir une carrière préalable» ?

L’étiquette

On s’engage toujours pour un parti, nous dit Bouchard. Doit-on pour autant porter une étiquette? Il insiste : non. La gauche, la droite, voilà des concepts qui semblent l’embêter et qui divisent artificiellement ceux qui pourraient autrement se rassembler. Probablement a-t-il raison. Mais à moitié seulement. Car l’action politique suppose une certaine part de cohérence philosophique – cohérence à laquelle il ne se dérobe pas, d’ailleurs. Et comment peut-on parler de Lucien Bouchard autrement qu’à la manière d’un conservateur? Quelques exemples viennent à l’esprit : Bouchard fait l’éloge de l’enracinement historique et se méfie du présentisme (p.48). Il exécute sommairement la réforme scolaire et les «pédagogues» du ministère – «je me félicite tous les jours d’avoir été formé à l’époque où les pédagogues patentés ne sévissaient pas encore» (p.49). Il nous accuse d’ingratitude envers les religieux catholiques qui ont fait le Québec (p.27). Il s’exaspère contre la puissance de la bureaucratie qui entrave l’action politique et fait l’éloge d’une certaine «robustesse collective quand vient le temps de prendre une décision de développement» (p.55). Il se porte à la défense de la démocratie parlementaire contre les excités portés sur la désobéissance civile (p.56). Il rappelle l’importance du principe de réalité dans la gestion des finances publiques. Et ainsi de suite.

Lucien Bouchard et la question nationale

Ce conservatisme a-t-il quelque chose à voir avec la question nationale, à laquelle Bouchard n’échappe pas? Oui. Car Bouchard est le grand héritier de ce qu’on pourrait appeler le conservatisme québécois. Sur le fond des choses, Bouchard semble demeurer souverainiste (si on désigne ainsi quelqu’un souhaitant qu’un jour, le peuple québécois devienne indépendant), mais se désole de ce que le souverainisme officiel est devenu – la grande coalition gauche-droite du PQ est morte, disait-il dans une entrevue à Alex Castonguay de L’Actualité. Et le souverainisme s’est trop campé à gauche pour rassembler vraiment les Québécois. Mais le nationalisme de Lucien Bouchard demeure profond. Ne serait-ce parce qu’il sait que l’histoire d’un peuple pèse sur son destin. Je le cite : «il y a quelques temps, je me suis mis à relire l’histoire du Québec. J’ai pris pleine conscience du traumatisme que fut la Conquête. Quand je pense que des historiens ont tenté, récemment, de nous faire croire qu’elle n’a jamais eu lieu. Celle-là, je ne peux pas la digérer. Je t’invite à relire le récit de cet épisode tragique de notre histoire dont on ressent encore aujourd’hui les conséquences» (p.48). La bonne éducation politique passe donc par l’éducation historique. Autrefois, c’était une évidence. Aujourd’hui, c’est presque une hérésie.

Et pourtant, Bouchard n’a pas tort. Sa ligne de fond, c’est la fidélité première au Québec. Qui ne saurait se laisser enfermer dans une seule option sans d’un coup se stériliser. La polarisation souverainiste-fédéraliste telle qu’elle prend forme en ce moment n’est pas à la veille de se dénouer à l’avantage de l’indépendance, dit-il. Et pourtant, «toute politique fondée sur le déni a peu de chances de réussite. La divergence qui sépare souverainistes et fédéralistes au Québec est ancrée si profondément dans le débat politique, et depuis si longtemps, qu’elle semble s’être intégrée au paysage politique. […] De toute façon, quel que soit le parti au pouvoir au Québec, il ne pourra faire autrement que de s’astreindre à un devoir de vigilance et de défense à l’égard de toute tentative d’empiètement émanant d’Ottawa. Sois certain que ces incursions se poursuivront» (p.113). Les intérêts vitaux du Québec transcendent les partis.

Dans son entrevue à L’Actualité, Bouchard poussait l’analyse plus loin : «Quelqu’un qui est en politique, surtout s’il forme le gouvernement, va avoir de la difficulté à échapper à cette dichotomie-là. C’est au cœur de notre débat depuis 40 ans. Ce serait un peu les limbes constitutionnels. Or, la politique, ce n’est pas les limbes, c’est la réalité. Il y a des positions à prendre. Il y a une dynamique entre le Québec et le fédéral, c’est toujours une partie de bras de fer. Un premier ministre doit gérer cette responsabilité. Est-ce que ça peut se faire en dehors de l’axe souverainiste-fédéraliste ? Ou bien on accepte la fédération, ou bien on ne l’accepte pas». Il y a là un réalisme politique qui ne limite pas les enjeux politiques québécois à la seule obsession référendaire mais qui ne croit pas nécessaire pour autant de discréditer la question nationale.

Mais Bouchard n’est pas un excité référendaire. Il sait le coût de la défaite. Un peuple qui lutte pour son indépendance et échoue en paie le prix. «Il serait irresponsable d’exposer le Québec à une autre défaite quand on sait le prix qu’il a fallu payer au lendemain des échecs de 1980 et de 1995. Le premier nous a valu le rapatriement forcé de la constitution, l’imposition d’un droit de véto et la diminution des pouvoirs de l’Assemblée nationale. Quant au second, il s’est soldé par la mise en place du verrou de la loi sur la clarté» (p.110). On ajoutera avec Bouchard qu’une si importante défaite n’est pas sans effets psychologiques graves sur la collectivité. Nous ne nous sommes toujours pas remis de l’avortement référendaire, conclut Bouchard. Autrement dit, le nationalisme, cette fidélité première au Québec d’abord, doit demeurer la pierre d’assise du débat politique. Et demeure suffisamment large comme référence pour accueillir ceux qui ne sont pas déjà convertis au souverainisme, et plus encore, au souverainisme dans sa version péquiste.

Je m’aventure ici à l’extérieur du livre de Bouchard. Je cartographierais à peu près ainsi l’espace politique québécois actuellement en ce qui a trait à la question nationale. J’y vois quatre camps découpés sans trop de précision: celui du 1) plus jamais! 2) celui du grand bof ! 3) celui du pas maintenant 4) celui du Immédiatement. Les premiers sont au PLQ, les seconds sont divisés entre le PLQ et la CAQ, les troisièmes entre la CAQ et le PQ, et les derniers entre le PQ et les petits partis souverainistes. Le nationalisme québécois est intimement fragmenté. Et une majorité référendaire ne sera possible que lorsque les trois dernières catégories se rassembleront politiquement. Cela n’est pas à la veille d’arriver. Je l’écrivais dans Fin de cycle, l’essentiel, en ce moment, n’est pas de faire l’indépendance mais de s’assurer qu’elle demeure possible. La chose est encore plus vraie à la lumière des derniers résultats électoraux.

Le Québec n’est pas à la veille de son indépendance. Les souverainistes le savent aussi. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent démissionner de leur option, mais qu’ils ne doivent pas tout mettre leurs œufs dans le panier référendaire. Ils ne le font pas d’ailleurs. Mais une chose demeure : tant que le grand parti du Québec d’abord ne sera pas de nouveau rassemblé politiquement, le Québec n’ira nulle part.  Tant que les Québécois ne se mettront pas d’accord à nouveau sur une commune définition de leur situation collective, de leur situation historique (ce qu’ils ne sont plus capables de faire pour l’instant), ils n’avanceront pas. Nous sommes en attente d’une nouvelle synthèse québécoise, d’un nouvel élan, de nouvelles raisons de croire au Québec. Bouchard est persuadé, et répète à plusieurs moments, d’ailleurs, que les Québécois sont en attente d’une nouvelle vision collective. Pourrait-on dire d’une nouvelle Révolution tranquille? Reste, suggère-t-il aussi, à ce que certains, les meilleurs, s’engagent en politique pour lui permettre d’éclore.

«L’histoire du Québec, dit Bouchard, est une longue chaine d’efforts, de joies, de revers, de dépassements personnels. Ton destin s’inscrit dans le prolongement du parcours de ce peuple déterminé à survivre et s’épanouir comme nation francophone en plein cœur d’un immense continent anglophone. Plus tu fréquenteras notre histoire, plus tu constateras que, tout au long de cet itinéraire, la solidarité politique s’est avérée cruciale» (p.109). Cela nous ramène au grand homme. Bouchard en était un. Il en est toujours un d’ailleurs. Dans un monde idéal, il reviendrait. Il donnerait ses dernières années à la nation. Il arriverait comme à la manière d’un père réconciliateur dans une nation divisée pour la rassembler, pour lui redonner l’élan qui lui manque, pour montrer l’idéal au loin. Mais il ne reviendra pas. Nous le savons depuis longtemps. Nous sommes des millions de Québécois, je crois, à avoir de la difficulté à en faire vraiment le deuil. À tout le moins, il vient de nous lire son testament. Je suis d’avis qu’il devrait inspirer les Québécois à croire encore au Québec.

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