Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

27 janvier, 2011

Assurance placement ou taxe à l’investissement

Depuis plusieurs mois déjà les politiciens et les organismes de surveillance et de réglementation nous mettent en garde contre un niveau d’endettement individuel qui nous pousse au bord du précipice. Malheureusement, aucun d’entre eux ne prêche par l’exemple. Les gouvernements fédéral, provincial et municipaux empruntent pour payer l’épicerie; la Banque du Canada maintient les taux d’intérêt si bas que nos placements donnent un rendement négatif; les organismes de surveillance et de réglementation semblent incapables de protéger les petits investisseurs.

C’est dans ce contexte que la Coalition pour la protection des investisseurs propose une assurance-placement.

Bravo! Quel éclair de génie!

Comment peut-on croire que d’imposer une taxe à l’épargne, car c’est bien de cela dont on parle, encouragera les consommateurs à épargner.

Partant du constat que les nombreux organismes financés à même les fonds publics sont incapables de protéger les petits investisseurs, la Coalition propose de créer un «Fonds universel de protection contre la fraude et la négligence fiduciaire». En effet, depuis 2000, les investisseurs ont perdu plus de 1 milliard de dollars aux mains des bandits à cravate que sont les Vincent Lacroix, Earl Jones et les gestionnaires de Mount Real, Portus, Norshield, Essex, Fulcrum, etc.

Mais que propose au juste la Coalition :

• Une assurance financée par une prime annuelle obligatoire calculée sur le montant investi. Un prélèvement universel et obligatoire ce n’est pas une assurance, mais bien une taxe. Cette taxe réduira d’autant le rendement de nos épargnes;

• L’organisme chargé de gérer cette assurance aurait un rôle d’éducation auprès des épargnants. Pourtant les informations nécessaires à des décisions d’investissement éclairées sont déjà disponibles gratuitement chez les institutions financières et les organismes de surveillance et de réglementation. Ce qui manque le plus aux épargnants c’est un niveau de « littératie financière » minimale, une responsabilité qui relève du système d’éducation, et la volonté de faire les efforts requis pour investir prudemment, une responsabilité qui relève des individus;

• Ce nouvel organisme aurait de plus la responsabilité d’évaluer et de noter les sociétés de gestion des fonds communs et des fonds distincts. Là aussi il existe déjà amplement d’information pour quiconque est prêt à faire l’effort de s’informer pour investir prudemment.

Finalement, cette proposition n’apporte rien de nouveau si ce n’est le concept d’une assurance placement contre la fraude. S’il existe une clientèle pour un tel produit, alors le marché saura s’en occuper. Par contre, les effets pervers d’une taxe sur l’épargne seront bien réels.

Premièrement, cette taxe réduirait d’autant les rendements des portefeuilles de placement ce qui va à l’encontre de l’objectif d’encourager les Québécois à épargner.

Deuxièmement, cette proposition contribuerait à déresponsabiliser l’ensemble des intervenants. Les investisseurs négligeront leurs devoirs de recherche sous prétexte que leurs investissements sont protégés; les politiciens et les fonctionnaires s’empresseront de rejeter le blâme d’un fiasco sur ce nouvel organisme; l’argent frais attirera les groupes d’intérêt comme le miel attire les mouches. Les MEDOC et autres défenseurs de la veuve et l’orphelin réclament déjà leur part du gâteau; les politiciens en profiteront pour refiler le plus de responsabilités possible au nouvel organisme puisqu’il sera financé hors budget; etc.

Finalement, connaissant l’engouement des Québécois pour les monopoles, cet organisme en serait vraisemblablement un. Donc, une autre structure qui travaillera en priorité à assurer sa pérennité au détriment des épargnants. En moins de dix ans, les frais auront décuplé et les impératifs politiques auront éclipsé les intérêts des épargnants.

Les épargnants n’ont surtout pas besoin de plus de structures coûteuses et inefficaces. Il existe déjà un excès de lois et d’organismes voués à les protéger. Il faut plutôt appliquer la loi dans toute sa rigueur, lui donner plus de dents s’il le faut. Il faut aussi cesser de minimiser les effets dévastateurs d’une fraude financière sous prétexte qu’un crime de bandit à cravate n’est pas un crime violent. Ce que les bandits à cravate craignent plus que tout c’est d’être pris et faire de la prison. C’est dans cette voie qu’il faut concentrer nos efforts.

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