Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

06 février, 2010

Le manque d’ambition, la conséquence d’une déresponsabilisation généralisée

Dans le texte qui suit, Lan Vi Pham dénonce le manque d’ambition des Québécois.

Quelle est la source de ce manque d’ambition?

On peut l'attribuer à notre passé judéo-chrétien, mais voilà plus de 40 ans, deux générations, que nous avons relégué la religion aux oubliettes. Il doit certainement avoir une autre explication!

Personnellement, je crois que c’est plutôt la conséquence de quarante ans de gouvernemaman et de nivellement par le bas.

La déresponsabilisation des individus est un processus de longue date et bien ancré dans la culture politique québécoise.

Le concept « l’État s’occupe de tout » s’est emballé dans les années soixante : éducation, santé, commerce, consommation, sécurité, salubrité, publicité, travail, etc. Tout est règlementé dans les moindres détails. Il n’y plus de place pour l’initiative, le risque, l’échec.

Avec le temps on en est arrivé à croire que tout ce qui nous arrive dépend des autres et du gouvernement. Si je suis obèse, c’est que le gouvernement ne règlemente pas la malbouffe et non parce que j’en mange; si j’abandonne mes études, c’est que le système ne me motive pas suffisamment et non parce que je ne veux pas faire d’effort; si je fais un accident, c’est que la route est défectueuse ou que les autres conduisent mal et non pas parce que je conduis dangereusement, etc. Enfin, c’est toujours la faute de quelqu’un ou de quelque chose, mais ce n’est jamais à cause de moi.

L’individu qui évolue dans une société où il n’y a pas d’adéquation entre l’action et ses conséquences se déresponsabilise irrémédiablement. Alors, en voulant tout règlementer et contrôler, l’État produit toujours plus d’individus déresponsabilisés. Plus il y a d’individus déresponsabilisés plus l’État règlemente et contrôle.

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Mille mercis pour votre chronique "pissous" ayant paru dans le magazine Jobboom de janvier. Je vous en prie, poussez encore plus loin la comparaison avec les pays qui MARCHENT, même lorsqu'ils sont aussi controversés qu'Israël. Nous avons besoin, au Québec, qu'on se réveille de cette léthargie citoyenne si délétère.

Puisque vous avez le courage (que je salue) de ne pas mâcher vos mots, j'ose vous faire part moi aussi de ce que je crois être le défaut impardonnable des Québécois: ils ne sont pas assez ambitieux. Et qu'on cesse de trouver à ce péché capital pour toute société avancée des excuses dans l'histoire.

Pour ne pas allonger indûment ce courriel, je ne donnerai que quelques exemples. Ma mère est anesthésiste approchant la retraite. Elle forme souvent de nouveaux médecins. Un constat: les jeunes médecins veulent surtout gagner de l'argent, et pas soigner ceux qui en ont besoin. Un de ses jeunes Gaspésien en stage lui a dit, devant tout le monde, qu'il avait hâte de partir aux US pour faire de l'argent. Aux infirmières qui ont écouté toute la conversation, ma mère leur a dit : "moi je suis Française, je ne peux rien dire, car on va me traiter de maudite Française. Mais vous, infirmières québécoises, vous savez bien que ce sont vos impôts qui ont payé ses études. Pourquoi ne dites-vous rien? Pourquoi ne le ramenez-vous pas à ses responsabilités?" Dans cette histoire comme devant tant d'autres, elles haussent les épaules et disent: ben, oui, c'est comme ça. Autre exemple ayant mérité le "ben oui, c'est comme ça": la mère d'une des inhalothérapeutes, âgée de 86 ans, a attendu sur une chaise pendant 13 heures aux urgences. Cette inhalothérapeute, traumatisée par le traitement qu'on a réservé à sa mère, est arrivée en pleurant au travail le lendemain. Commentaires généraux du staff: ben oui, c'est comme ça.

Attendre deux mois quand on a un cancer du sein? Ben oui, c'est comme ça (dans les autres pays avancés, c'est qq jours au max)

Attendre deux ans pour une colonoscopie? Ben oui, c'est comme ça? (idem).

Des "ben oui, c'est comme ça", IL Y EN A TROP, AU QUÉBEC.

Je n'en peux plus de voir les haussements d'épaules, les attitudes défaitistes, le laissez-aller ambiant. L'autre jour mon prof d'administration publique préparait une présentation pour le Japon sur le Québec. L'idée thème de sa présentation: Au Québec nous sommes petits, mais nous sommes capables de grandes choses. La preuve: Céline Dion.

Faut-il donc que le Québec se résigne à briller par le talent d'une chanteuse, aussi fantastique soit-elle? Et où sont nos ingénieurs? Et nos découvertes médicales? et nos grands politiciens? Et nos penseurs? Pourquoi diable n'en avons-nous pas???? Je vous jure, j'en pleure. Des cerveaux, il y en a pourtant, ici!!!

SVP, ne cessez jamais de réclamer plus et de dénoncer quand il le faut. Lire vos chroniques me fait un bien souverain, car elles disent ce que nous immigrants n'osons pas dire tout haut. Les Québécois manquent cruellement de colonne vertébrale, de réelle solidarité, et laissent depuis trop longtemps leur sens du juste, de l'indignation et de la révolte dans le formol.

Un jour cela leur coûtera très cher.

Lan Vi Pham

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