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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

04 janvier, 2010

Les vraies causes de la crise financière

L’année 2010 est à peine commencée et tous les interventionnistes, Bernanke en tête, sont à l’oeuvre pour nous enfoncer dans le crâne que la crise financière découle des abus du libre marché. Ils préconisent que l’État règlemente davantage les marchés financiers pour éviter un futur dérapage.

Il est donc pertinent de remettre les pendules à l’heure en rappelant les causes premières de ce fiasco. Le texte d’Emmanuel Martin ici-bas résume bien les causes politiques à l’origine de la crise immobilière, elle-même à l’origine de la crise financière :
  • le prix des terrains, artificiellement gonflé, a fait exploser le prix des maisons. Le prix des terrains est directement proportionnel à leur rareté. Les nombreux règlements, en particulier les règlements visant à protéger les insectes et les grenouilles, créent une pénurie artificielle de terrains utilisables. Dans tous les domaines, une pénurie est automatiquement accompagnée d’une explosion des prix;
  • les taux d’intérêt, maintenus artificiellement bas, et les politiques mal avisées d’accession à la propriété ont berné les consommateurs. Ceux-ci ont contracté des hypothèques bien au-dessus de leurs moyens financiers avec pour conséquence une pandémie de faillites;
  • les politiques gouvernementales ont invité les banques commerciales à transférer les risques du marché à la Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et la Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac). Aucun banquier digne de ce nom ne pouvait résister à une telle invitation;
  • l’incompétence des organismes étatiques et privés d’évaluation des risques inhérents au papier commercial adossé à des actifs (PCAA) a permis de berner les investisseurs. Ces organismes créés expressément pour discipliner le libre marché ont lamentablement failli à la tâche en laissant croire aux investisseurs que les PCAA étaient sans risques.
Devant de tels constats comment peut-on encore prétendre que la crise immobilière et par voie de conséquence la crise financière résultent des abus du libre marché? Vouloir prévenir une nouvelle crise en augmentant l’interventionnisme étatique c’est comme suggérer plus de poison pour soigner un empoisonnement!

Les interventionnistes ne peuvent pas admettre que ce sont les politiques gouvernementales qui sont à l’origine de la crise sans mettre en péril leur propre rôle. En conséquence, ils font appel à la bonne vieille méthode du « un mensonge répété à l’infini devient réalité ».
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Retour sur les origines politiques de la crise

Le 29 décembre 2009 - Nous vous proposons aujourd'hi un article d'Emmanuel Martin qui synthétisait les causes politiques de la crise américaine :

Les éditos se sont enchaînés depuis des mois pour fustiger le capitalisme et le laisser-faire supposément à l’origine de la crise actuelle. Les hommes politiques de gauche comme de droite se sont emparés de l’affaire pour apparaître comme les « sauveurs des marchés ». Cette version quelque peu naïve des faits a pu conforter agréablement certains dans leur idéologie collectiviste, et donné un prétexte inespéré aux hommes politiques pour s’exonérer un peu plus d’une gestion responsable de l’argent public, « circonstances exceptionnelles » de la crise obligent : « il ne faut jamais laisser gaspiller une bonne crise » a pu déclarer Rahm Emanuel, bras droit de Barack Obama.
C’est oublier un peu rapidement les responsabilités politiques à l’origine de la crise. En effet, si les marchés se sont comportés de manière irresponsable, au delà de l’appât du gain et de l’arnaque de certains, ainsi que des innovations très exotiques, c’est sans doute que les mécanismes de la responsabilité justement, qui sont la boussole des marchés, n’ont pas joué. Du fait d’interférences politiques. Dans la crise qui nous intéresse, il est instructif de constater qu’à chaque étape du processus d’achat d’une maison aux Etats-Unis, diverses réglementations et pressions politiques ont justement empêché les marchés de se coordonner : il est alors difficile de parler d’une crise du libre marché.
Premier élément dans l’achat d’une maison : le prix. Le problème du coût croissant du logement américain, n’était pas national mais concentré sur certaines villes des Etats-Unis : San Francisco, New York, ou Phoenix. Ces villes ont en commun un marché immobilier dysfonctionnel. Pourquoi ? L’offre de terrain y est artificiellement restreinte de manière politique pour préserver la « communauté » : le marché ne peut plus fonctionner. Ces villes, où le foncier est restreint par les smart growth policies, sont bullaires : les prix y augmentent plus vite, mais y tombent aussi plus vite lors d’un retournement.
Deuxième élément : le taux d’intérêt. Une bonne partie des prêts aux USA étaient à taux variable, basés sur le taux d’intérêt directeur de la banque centrale américaine. Les variations de la politique monétaire – qui n’est pas « le marché » - ont donc eu une influence majeure sur les prêts à taux variable. Dès la fin 2001 la Federal Reserve a abaissé le Fed Funds Rate pour les maintenir jusqu’à un niveau de 1% entre mi 2003 et mi 2004. Puis avec la remontée importante des taux beaucoup d’emprunteurs à taux variable ont été pris à la gorge du fait de la nouvelle politique monétaire. Beaucoup avaient misé sur la hausse continue des prix pour revendre avec plus-value en cas de difficultés à rembourser. Mais lorsque tout le monde fait la même opération, les prix baissent !
Troisièmement : l’apport personnel. C’est un élément important d’information sur le sérieux et la fiabilité de l’emprunteur. George W. Bush a fait voter l’American Dream Downpayment Act de 2003 qui vise à réduire – et plus tard supprimer- l’apport personnel. Ce dispositif réglementaire visait à faciliter l’accès à la propriété, le « rêve américain », en court-circuitant les mécanismes de marché en matière d’évaluation du risque. Il a eu comme effet pervers de ne plus permettre de sélectionner les emprunteurs sérieux.
Le quatrième élément est l’accompagnement de l’emprunteur par l’institution de crédit. Alors qu’en Europe une banque qui prête à un emprunteur prend le risque avec lui, ce qui est une incitation forte à contrôler minutieusement son dossier, aux Etats-Unis le crédit hypothécaire est titrisé, passé, comme une patate chaude, à un tiers, pour finir découpé et disséminé dans des produits financiers (les origines de la titrisation ont d’ailleurs à voir avec des réglementations du New Deal empêchant les branches d’institutions d’épargne entre états).
Deux entreprises, la Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et la Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac) qui représentaient près de 45 % du marché du refinancement hypothécaire ont pris de plus en plus de risques. Pourquoi ? Ces entreprises hybrides, percues comme garanties implicitement par l’État américain et bénéficiant de privilèges, à la source des problèmes de titrisation, avaient pour mission politique sociale explicite de la part du département de l’immobilier urbain, de couvrir de plus en plus de ménages à faibles revenus, et peu fiables, dans le refinancement de leur crédit hypothécaire pour l’achat de leur maison. Au printemps 2008 des membres du Congrès mettaient encore sous pression ces entreprises, instruments de la politique sociale du logement.
Plus généralement, les institutions de crédit devaient respecter des statistiques raciales (des quotas pour telles ou telles minorités) dans l’accord de prêt, sous peine de sanctions diverses, notamment depuis le renforcement, sous Clinton, du Community Reinvestment Act. Ici aussi les mécanismes de marché, d’évaluation des risques de l’emprunteur, sont explicitement niés par les politiques. L’innovation du credit scoring, évaluation impersonnelle de la qualité des crédits, est venue renforcer cette tendance, engagée par le politique, à la déresponsabilisation dans l’appréciation des risques.
Lorsque le politique ôte les mécanismes de responsabilité qui orientent les marchés, ces derniers ne peuvent plus fonctionner correctement. Au plus grande est l’illusion, au plus fort est l’ajustement avec la réalité, c’est à dire la crise.

Emmanuel Martin est analyste sur www.UnMondeLibre.org.

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