Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

23 novembre, 2009

La Caisse : servir son maître politique

Dans le texte qui suit, David Descôteaux explique pourquoi, la nouvelle orientation de la Caisse, investir dans des entreprises québécoises, est vouée à l’échec.

On peut sortir le bureaucrate de la fonction publique, mais on ne peut sortir la fonction publique du bureaucrate.

Un bureaucrate à succès sait qu’il travaille pour son maître politique (voir l’excellent livre de Jean Lacoursière). Pour lui, les désirs de son maître sont des ordres.

Sachant que les politiciens désirent se servir de la Caisse pour promouvoir leurs intérêts politiques, en bon bureaucrate, Michael Sabia s’empresse d’accéder à leurs souhaits. Il propose d'utiliser les fonds de la Caisse pour investir davantage au Québec.

C’est une invitation à peine cachée à l’ingérence politique. De plus, la Caisse concurrencera la SGF et Investissement Québec à la recherche des rares projets de qualité. Cela risque de faire monter les enchères et de favoriser des projets à plus haut risque.

Les rendements futurs de la Caisse sont voués à la médiocrité. Dans la prochaine décennie, on va revivre des fiascos semblables à l’acquisition de Steinberg, au projet des Papiers Gaspésia, à l’achat de Vidéotron, à Montréal Mode, et bien d’autres.

Moi, je préfère qu’on me rembourse les fonds que j’ai été forcé d’investir dans la Caisse. Cet argent m'appartient.

D’expérience, je sais que je peux faire mieux qu’un bureaucrate dont la priorité est de servir son maître politique.
__________

La Caisse fera-t-elle les séries?

Métro Montréal, p. 46 / David Descôteaux, 19 novembre 2009

Imaginez: Bob Gainey échange Tomas Plekanec et Mike Cammalleri, et les remplace par Simon Tremblay et Louis Landry. Vous connaissez peu ces deux joueurs – ils jouent pour l’instant dans la Ligue américaine. Mais on dit qu’ils ont beaucoup de potentiel. En plus, ils sont Québécois. Le CH encourage le talent d’ici. Quoi de mieux?
Question: Pensez-vous que le Canadien se qualifierait pour les séries éliminatoires? C’est pourtant le plan de match de la Caisse de dépôt et placement, l’institution qui gère notre fonds de pension. La Caisse prépare un «plan d’investissement et de soutien financier à l’intention des entreprises québécoises». Traduction: la Caisse va investir l’argent de votre retraite dans des entreprises québécoises plutôt que dans des entreprises américaines ou européennes, même si ces dernières offrent un meilleur rendement. Raison évoquée: la Caisse connaît mieux le Québec que ces contrées étrangères. Et comme elle emploie seulement 236 spécialistes en placement…
La Caisse de dépôt gère les cotisations à la RRQ, que l’État prélève sur votre paie. Sa mission n’est pas de faire de la politique, ni du développement économique. Sa mission consiste à obtenir le meilleur rendement pour vos épargnes. Afin que vous ayez de quoi vivre pendant vos vieux jours.
Au hockey comme dans les placements, quand vous réduisez le bassin de joueurs disponibles, votre rendement en souffre. On peut toujours tomber sur un Vincent Lecavalier. Mais dans une province de sept millions d’habitants, ils se font rares. Côté rendement, la Caisse peine déjà – elle a perdu 40 G$ l’an dernier. Et comme l’économie piétine, il faudra fouiller creux pour trouver de bons placements. Pourquoi nous tirer dans le pied en limitant nos choix?
Surtout, Québec donne chaque année plus de 5 G$ en subventions directes et indirectes aux entreprises (1 300 $ de vos impôts, cher lecteur). Il existe 1 800 programmes de subventions. La Société générale de financement et Investissement Québec dépensent – et perdent souvent – des milliards à subventionner des entreprises. Ajouter à cela les généreux crédits d’impôt accordés au Fonds de solidarité FTQ. Faut-il en plus leur prêter nos fonds de retraite?
Si les politiciens et les gestionnaires de la Caisse veulent favoriser certaines entreprises, ils peuvent y investir leur propre argent. Ils peuvent aussi nous laisser gérer nous-mêmes les cotisations que nous versons à la RRQ. Nous pourrons placer cet argent chez un gestionnaire de notre choix et le congédier s’il fait passer ses intérêts avant les nôtres.
Car avec leur plan de match, notre fonds de pension risque de rater les séries éliminatoires.
David Descôteaux est économiste à l'Institut économique de Montréal.

Aucun commentaire: