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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

02 septembre, 2009

Santé : le système, toujours le système

Katia Gagnon rapporte l’histoire d’horreur d’une dame de 81 ans à la recherche d’une place dans un CHSLD (Voir le texte ci-bas). Cette histoire inhumaine est un exemple parmi tant d’autres qui démontre que notre système de santé a atteint le dernier étage de l’indécence.

Ginette Lauzon, fille de la dame, n’a que de bons mots pour le personnel de l’établissement :

Même les employés du centre d'hébergement semblaient trouver cette situation intenable, souligne Ginette Lauzon. «Mon intervention n'est vraiment pas une attaque contre le personnel des centres, qui fait un travail extraordinaire avec les personnes âgées. C'est contre le système que je m'élève», dit-elle.

Mais c’est quoi ce fameux système qui semble être la cause de toutes les ratées du régime de santé?

Wikipédia définit système comme suit : Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon un certain nombre de principes ou règles.

Les éléments agissant sur le système de santé sont : les politiciens, les bureaucrates, les syndicats et les lobbys. Les uns comme les autres favorisent le statu quo. C’est la conséquence naturelle d’un monopole d’État où chacun veille à protéger ses acquis. Par définition, aucun des participants n’ont intérêt à prendre les risques qu’implique le changement.

Si le système pouvait être réparé on le saurait. Malgré la croissance vertigineuse des coûts, année après année les mêmes âneries font la « une » des médias. Cela fait trente ans que les ministres qui se succèdent à Québec s’y cassent les dents.

Il faut se rendre à l’évidence, le système doit être cassé. Il faut simplement remplacer le système par un autre où le changement représente une opportunité plutôt qu’un risque.

Dans un régime concurrentiel, le plus grand risque auquel les entreprises sont confrontées est la faillite. Dans ce contexte, les entreprises créatives et dynamiques croissent, alors que celles qui refusent de changer et de s’adapter stagnent où disparaissent. Donc, le changement devient un gage de succès.

L’imposition d’une vraie concurrence entre les divers établissements du système de santé accomplirait en quelques années ce que tous les ministres de la Santé n’ont pu faire en trente ans.
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Places en CHSLD : processus d'entrée chaotique

Katia Gagnon, La Presse, le 31 août 2009

Il y a quelques mois, les enfants de Lucille Dubé, 81 ans, se sont rendus à l'évidence. Ils n'étaient plus capables de garder à son domicile leur mère vieillissante et de plus en plus malade. Il fallait lui trouver un CHSLD. C'est à ce moment que la vieille dame est entrée dans un processus digne de Kafka: celui qu'impose l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal aux gens âgés qui recherchent une -très rare - place dans un centre d'hébergement.
Dans un premier temps, Mme Dubé - dont nous avons modifié le nom, à la demande de sa famille - a été dirigée vers une résidence pour une période d'évaluation. Elle pourrait y demeurer au maximum trois mois, a-t-on clairement indiqué aux enfants. D'ici à son placement permanent, elle pourrait devoir déménager encore, dans un centre transitoire. «Déjà, souligne la fille de Mme Dubé, Ginette Lauzon, nous nous questionnions sur la pertinence de faire subir trois déménagements à des personnes en situation de grande vulnérabilité.»
Heureusement, le nom de Mme Dubé a été placé tout en haut de la liste pour l'obtention d'une place en résidence permanente. Quelques semaines plus tard, excellente nouvelle: la travailleuse sociale de la résidence a annoncé à Mme Lauzon que sa mère avait obtenu sa place permanente. La famille nous a également demandé de taire le nom des résidences, toutes situées dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.
Toutefois, entretemps, la santé de la vieille dame s'était détériorée. «Elle refusait de se nourrir et refusait toute médication», indique Mme Lauzon. Avec l'accord de la famille, les responsables de la résidence d'évaluation ont donc demandé son hospitalisation. Pas de problème, a d'abord indiqué la travailleuse sociale: en l'absence de la vieille dame, ses enfants pouvaient déménager ses effets dans la résidence permanente.
Quelques heures plus tard, un revirement est survenu. «La travailleuse sociale nous a expliqué qu'elle ne pouvait donner suite au transfert parce que ma mère était hospitalisée. Elle nous a expliqué que ma mère devait retourner à la résidence d'évaluation et que son état devait être stabilisé avant qu'on lui offre une place en résidence permanente», raconte Mme Lauzon. Bref, en clair, la vieille dame perdait sa place. «Nous étions bouleversés.»
Mais le pire était à venir. La famille a ensuite été informée que, si d'aventure Mme Dubé quittait les urgences pour une chambre à l'hôpital, donc si son séjour s'y prolongeait, elle perdrait non seulement sa place en résidence permanente, mais également la place qu'elle occupait en résidence d'évaluation. À sa sortie de l'hôpital, elle se retrouverait donc dans un tout nouveau centre. «Tout le processus était à reprendre! J'en ai eu le souffle coupé. Quelle aberration!» s'exclame Mme Lauzon.
Même les employés du centre d'hébergement semblaient trouver cette situation intenable, souligne Ginette Lauzon. «Mon intervention n'est vraiment pas une attaque contre le personnel des centres, qui fait un travail extraordinaire avec les personnes âgées. C'est contre le système que je m'élève», dit-elle.
Une lettre éloquente
Mme Lauzon a résumé son histoire dans une lettre éloquente, qu'elle a fait parvenir à la ministre des Aînés, Marguerite Blais, ainsi qu'au ministre de la Santé, Yves Bolduc. Le cabinet de la ministre Blais s'est contenté de lui envoyer un accusé de réception indiquant que le dossier relevait de la ministre des Services sociaux, Lise Thériault. «On a demandé un topo sur cette situation. Mais la ministre ne veut pas commenter un cas précis», indique Harold Fortin, attaché de presse de Lise Thériault.
Du côté de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, à laquelle nous avons pris l'initiative de faire parvenir la lettre de Ginette Lauzon, on indique que le processus imposé à Mme Dubé est effectivement conforme aux normes. «Madame a été traitée avec beaucoup de considération, dit Louise Massicotte, directrice adjointe de l'ASSS. Notre préoccupation, c'est le moins de déplacement possible pour les personnes.?» Mais comme son séjour à l'hôpital devait durer deux semaines, précise-t-elle, «on a laissé sa place à quelqu'un d'autre à la résidence permanente».
L'agence tiendra d'ailleurs une rencontre de presse ce matin, afin d'expliquer à la presse les détails de son controversé plan d'accès aux places en CHSLD. C'est ce plan, adopté au printemps dernier, et en vertu duquel 200 lits de longue durée dans les hôpitaux ont été fermés, qui fait en sorte que la congestion est maximale à l'entrée des centres d'hébergement pour personnes âgées. Pas moins de 1500 personnes sont actuellement en attente d'une place en CHSLD.
Finalement, Lucille Dubé n'est demeurée aux urgences qu'un peu plus de 24 h. Néanmoins, «ce court séjour lui a fait perdre sa place en résidence permanente», souligne Mme Lauzon dans sa missive, qu'elle nous a fait parvenir il y a 10 jours.
Cependant, lundi dernier, quelques jours à peine après que nous ayons transmis à l'agence la lettre de Ginette Lauzon, sa mère a de nouveau obtenu sa place en résidence permanente. Simple coïncidence? «Ça n'a aucun lien avec les démarches que Mme Lauzon a faites», assure Mme Massicotte.

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