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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

03 mars, 2009

Les causes profondes de la crise économique

André Dorais

Plusieurs experts se disent dépassés par la crise économique, mais ils ne suggèrent pas moins que l’État doive intervenir pour la résoudre. Or, comment peut-on avoir la solution à quelque chose qu’on ne comprend pas? Ces experts, comme la majorité des gens, ont une croyance aveugle en l’État. À leurs yeux, le marché, ou le capitalisme, est toujours coupable, car l’État ne l’est jamais.

Cet aveuglement sous-entend que les gens qui travaillent pour l’État sont des êtres supérieurs. Comment ne pas le penser lorsqu’on constate qu’ils perdent rarement leur emploi, même en temps de crise économique? Comment ne pas le penser lorsqu’à l’inverse ceux qui le perdent sont souvent qualifiés d’hommes et de femmes de peu de vertu parce qu’ils cherchent un profit de leurs échanges? À en croire ces préjugés, lorsque l’homme est vertueux et intelligent, il s’arrange pour être employé de l’État.

Pourtant, le travail d’un employé de l’État n’est pas plus important que celui d’un employé du secteur privé. Après tout, c’est le marché qui offre la nourriture, le logement et les vêtements, besoins on ne peut plus essentiels. Ce qui distingue l’employé de l’État des autres travailleurs n’est pas l’importance du service qu’il rend, mais le monopole ou le quasi-monopole dont il participe.

Un monopole n’a de source que la force de la loi, c’est-à-dire la contrainte. Il s’ensuit que ceux et celles qui travaillent pour l’État vivent de la coercition. Leur «supériorité» ne tient qu’à elle. Dans la mesure où ils surmontent le choc de cette réalité, ils s’en défendent sous le prétexte que les services qu’ils rendent profitent à plusieurs. Vrai, mais c’est passer rapidement sur la coercition utilisée pour forcer des gens à financer des services qu’ils n’ont pas nécessairement demandés.

Qu’on invoque ensuite la solidarité pour la justifier ne tient pas la route puisqu’une solidarité forcée n’est pas de la solidarité. Il ne s’agit pas tant d’une tentative de tromper les gens qu’une façon rapide, mais erronée, de se convaincre qu’on a bien agi. Ce n’est pas tant le boulot effectué qu’on remet en cause que la façon dont il est rémunéré. La médecine, par exemple, est une noble profession, mais elle le serait d’autant plus si elle n’était pas rémunérée par l’impôt. Dire qu’il faille l’éloigner de la quête de profit, sous le prétexte de la protéger des abus, sous-entend qu’ils ne peuvent survenir que par l’entremise du mode capitaliste de rendre service.

En d’autres mots, lorsqu’on utilise le mode socialiste pour servir les gens, soit en procédant à l’imposition et à la taxation des contribuables, les abus sont réduits. Du moins, c’est ce qu’on prétend. Or, il suffit de séjourner dans les hôpitaux des grandes villes canadiennes pour se convaincre du contraire. En ces lieux, les médecins ont intérêt à évaluer rapidement leurs patients puisqu’ils sont rémunérés au nombre rencontré. Les médecins ne tirent pas profit directement des patients, mais indirectement des contribuables qui n’ont pas le choix de payer, peu importe la qualité du service rendu. Là où les choix sont réduits, la richesse l’est autant.

Les calculs utilitaristes utilisés par les gouvernements, pour justifier les services qu’ils imposent, doivent être rejetés puisqu’ils ne répondent pas au critère d’universalité et conséquemment d’égalité entre les hommes. La seule coercition qui peut être admise universellement est celle qui s’établit en légitime défense. Dès lors qu’on admet cela, on enlève tout rôle à l’État. Comme la très forte majorité des gens ne peut concevoir cette possibilité, elle est prompte à trouver des boucs émissaires aux problèmes qui l’accablent. Blâmer le capitalisme pour l’actuelle crise économique en constitue un bel exemple.

Le capitalisme n’est pas coupable de la crise économique

Le capitalisme a le dos large, car il est mal défini. On le circonscrit souvent au secteur financier, soit le monde de l’argent, ou du «capital», pour utiliser un autre terme mal défini. Non seulement s’agit-il d’une définition restreinte, mais irréaliste puisque l’argent se retrouve dans tous les secteurs d’activités. Suffit-il d’investir de l’argent pour être qualifié de capitaliste? Rien n’interdit cette définition, mais dans ce cas tous les investisseurs sont des capitalistes.

On tend aussi à qualifier le capitaliste comme étant celui qui avance son argent dans les facteurs de production dans le but d’en tirer profit. Si l’on utilise cette définition du capitaliste, on doit réaliser qu’il ne se limite pas au monde de la finance. L’entrepreneur est souvent qualifié de capitaliste, mais on ne doit pas confondre les deux. Le capitaliste peut avancer une somme d’argent pour un projet quelconque, mais il n’est pas obligé de le gérer. À l’inverse, l’entrepreneur gère son projet et décide de la marche à suivre, le plus souvent avec ses propres ressources financières. Dans ce cas, il est capitaliste et entrepreneur. Dans la mesure où il décide de la production des biens à l’aide d’argent que d’autres individus lui confient, on le qualifie plutôt de gestionnaire.

Le capitalisme est plus large que les fonctions généralement attribuées aux capitalistes puisqu’il inclut non seulement leurs rôles, mais également ceux des entrepreneurs et de leurs employés. Il s’inscrit dans tous les secteurs d’activités dans la mesure où on lui en laisse la chance. En ce sens, sa caractéristique principale est d’être autonome. Cette autonomie, à son tour, renvoie à celle de chaque individu, ou celle de ses représentants immédiats : parents, tuteurs, etc. Elle n’est limitée que par la reconnaissance d’autrui comme son égal. À l’inverse, le socialisme, ou le mode politique de créer et distribuer la richesse, s’établit par la contrainte. En démocratie, cette contrainte s’exerce par le droit de vote des uns sur la propriété des autres.

Ce débroussaillage effectué, on peut toujours accuser le capitalisme de la crise économique, mais uniquement dans la mesure où on le confine au monde de la finance et qu’on passe outre le fait que les banques soient érigées en cartel selon les directives de la banque centrale, elle-même sous le contrôle du gouvernement. La plupart des gens constatent la mainmise de l’État dans ce monde, mais ils n’arrivent pas à imaginer qu’il en soit autrement puisque c’est tout ce qu’ils ont connu. Il n’en demeure pas moins vrai qu’un contrôle aussi grand de l’État sur un secteur d’activité ne peut pas être qualifié de capitaliste.

Qui dit contrôle de l’État, dit davantage socialisme que capitalisme, mais encore, il y a des biens et des services qui sont à ce point important qu’ils mériteraient plus de liberté. La nourriture et la monnaie sont de ceux-là. Malheureusement, si la nourriture est offerte assez librement dans la plupart des pays du monde, on ne peut en dire autant de la monnaie. Partout, celle-ci est monopolisée par l’État. Il en dicte la nature et en assume seul la production. La monnaie est socialisée depuis longtemps déjà. Cette socialisation du monde de l’argent constitue la principale cause des crises économiques, dont celle que l’on vit à l’heure actuelle. L’aspect primaire du socialisme est d’en faire porter le blâme au capitalisme et, par suite, d’encourager la population à lui accorder plus de pouvoir sous le prétexte de maîtriser la bête. Or, si l’on veut plus de liberté et plus de richesse, c’est la direction inverse qu’on doit prendre.

L’étatisme sauvage

La banque centrale fixe le taux d’intérêt, mais on n’entend pas le «Bureau de la concurrence» se plaindre de fixation des prix comme on l’entend se plaindre, à tort, contre les pétrolières, car l’État ne poursuit pas en justice ce qui est sous son contrôle. La banque centrale injecte de l’argent dans l’économie dans le seul but de la relancer, mais puisqu’une plus grande «quantité» d’argent n’ajoute pas de richesse, elle ne fait que la redistribuer à ceux qui y mettent la main en premier. En d’autres mots, l’État encourage le comportement même qu’il prétend contrôler. Il encourage le «sauvage» en l’homme, alors qu’il prétend l’humaniser. Or, quel régime qualifie-t-on de sauvage? Le capitalisme ou le socialisme? Le capitalisme. Et quel régime impose son choix de monnaie? Qui fixe le taux directeur? Qui injecte de l’argent dans l’économie comme bon lui semble? Quel régime utilise la force pour arriver à ses fins? Poser ces questions, c’est y répondre.

Dans ces circonstances, comment expliquer que la vaste majorité des gens veuille toujours plus de socialisme, soit d’intervention de l’État? Elle croit en la politique comme elle croyait autrefois en la religion, soit aveuglément. Au Québec, on n’y est pas allé de main morte pour qualifier les croyants en la religion. Plusieurs les qualifiaient d’êtres naïfs. S’ils ne les qualifiaient pas ainsi explicitement, ils le sous-entendaient. Peut-être devrait-on être aussi dur envers les croyants en la politique, question de les secouer de leur torpeur, mais ce serait injuste pour les croyants en la religion, car seuls les croyants en la politique, du moins en Occident, se font complices d’actions coercitives pour arriver à leurs fins. Pour reprendre leurs propos à l’égard des croyants en la religion, on dira des croyants en la politique qu’ils sont tout aussi naïfs qu’eux, mais plus dangereux.

À l’instar des gens qui soumettent leurs demandes aux groupes mafieux, les croyants en la politique transmettent leurs commandes à l’État. Les deux utilisent la coercition pour satisfaire leur clientèle, mais seuls les clients des premiers en sont conscients. On dit que l’État est légal, alors que les groupes mafieux ne le sont pas, mais la légalité qui ne s’appuie sur rien d’autre que la coercition n’a pas plus de légitimité. Faut-il rappeler que tous les pays du monde sont légaux, y compris ceux qui font crever leur monde faim? On ne peut donc pas se satisfaire de la légalité. On s’insurgera de la comparaison, mais a-t-on un argument contre elle ou seulement des sentiments? Invoquer uniquement des sentiments tout en revendiquant la force coercitive de l’État pour avoir le dernier mot, c’est rester à l’âge de pierre, soit du sauvage qu’on aime tant à accuser autrui sans être capable de reconnaître qu’on en est les pires exemples.

En somme, si l’on veut résoudre la crise économique, on doit faire exactement le contraire de ce qui se fait présentement un peu partout dans le monde. On ne doit pas augmenter les dépenses de l’État, mais les réduire. De cette façon, les gens auront accès à leurs ressources et ils pourront répondre aux besoins d’autrui de manière volontaire, soit d’après le mode capitaliste. En d’autres mots, les gens, riches et pauvres, ont intérêt à développer un scepticisme envers l’État, peu importe son régime et les partis politiques qui le dominent. Lui laisser trop de pouvoir n’est dans l’intérêt de personne, même pas celui des syndicats et des employés de l’État.

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