Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

27 août, 2008

Coup de gueule (2)

Dans son texte Yves Boisvert fait un excellent résumé de la saga du CHUM.

Les études, les changements de plan, les délais, les commissions ont jusqu’à présent coûté des centaines de millions aux contribuables québécois.

Après plus de douze ans de tergiversation pourquoi n’arrive-t-on pas à exécuter ce projet?

C’est d’un ridicule inqualifiable. Après cela peut-on reprocher aux québécois d'être cynique?
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Le mercredi 27 août 2008
Y a-t-il une pelle dans la salle?
Yves Boisvert
La Presse

Veuillez m'excuser de revenir de vacances avec une si mauvaise nouvelle, mais il faut que j'en parle à quelqu'un: ça ne va pas bien du tout au CHUM.

Vous le saviez? Je vous l'accorde, ce n'est pas absolument nouveau. En effet, ne lisait-on pas dans La Presse, en 1999, cette phrase prophétique dans un texte de Jean-François Bégin: «Un nouveau chapitre de l'interminable saga du CHUM s'ouvre aujourd'hui» ?

C'était au temps où l'on commençait à peine à évoquer la possibilité d'un mégahôpital, comme celui qu'avait proposé McGill.

Cinq ans plus tard, en novembre 2004: «Une saga qui a trop duré», écrivait André Pratte.

Décembre 2004, un avocat perspicace écrit au Devoir: «Se pourrait-il que l'on soit dans l'erreur?»

Voilà, en trois temps, le cycle apparemment éternel du CHUM: 1. On palabre sur le pour et le contre (Méga ou pas? deux étages ou sept? Outremont? Petite-Patrie? Centre-ville? Un parking? Des chambres à deux?); 2. Quelqu'un s'écrie «Ça va faire!» et on tranche. 3. Un doute surgit On n'est plus tout à fait sûr Et on recommence! Re-palabres, re-études, re-ça va faire, re-décision, re-doute

Lundi, on a pu voir le Dr Gaétan Barrette, au nom des médecins spécialistes, tel un Brian Mulroney déchirant la Constitution, déchirer la photo du CHUM devant les médias. Impossible, infaisable, pas bon, les médecins n'y croient pas.

Remarquez bien, les médecins ont l'air aussi divisés que la photo déchirée, sauf quant à leur pessimisme. Même le directeur du CHUM est parti, au mois de juillet.

Pour le profane que je suis, le projet de la gare de triage était bien plus attrayant. Mais il a été mis de côté très officiellement et définitivement il y a trois ans et demi, faute d'avoir convaincu le gouvernement. On a dépensé des millions pour faire les plans du CHUM à Saint-Luc. L'appel d'offres du centre de recherche (première phase) est lancé.Combien de fois va-t-il falloir réexaminer la même question? Refaire le projet?

Combien de fois peut-on coudre et rouvrir et recoudre le patient, docteur?

Je rappelle en accéléré la séquence des événements. 1996: fusion des hôpitaux francophones du centre-ville pour former le Centre hospitalier universitaire de Montréal. Débuts difficiles dans un contexte de compressions budgétaires et de guerres de pouvoir. Deux ans plus tard, McGill présente son projet consistant à fermer trois hôpitaux anglophones pour en faire un nouveau, le CUSM. Magnifique projet qui inspire le gouvernement de Lucien Bouchard: il en faut un pour les francophones, c'est l'avenir de la médecine montréalaise qui en dépend.

En 2000, Pauline Marois décrète après «études exhaustives de cinq sites potentiels» que ce sera au 6000 Saint-Denis. On se met à l'ouvrage, mais au bout de trois ans, il ne s'est rien passé de concret. 2003: les libéraux arrivent au pouvoir et nomment Brian Mulroney et Daniel Johnson pour réévaluer tout ça.

Je suis peut-être fou, mais j'ai assisté à une rencontre de presse avec ces deux hommes qui concluaient, en 2004, qu'il fallait tout faire à Saint-Luc. Plus près des grands axes routiers, loin du chemin de fer, plus sécuritaire, pas de décontamination à faire, etc.

Bon, d'accord. Pourquoi pas Saint-Luc? Si les experts le disent

Puis, le recteur de l'UdeM, Robert Lacroix, arrive avec un projet beaucoup plus ambitieux, sur des terrains qui jusque-là n'avaient pas été examinés pour la bonne raison qu'ils étaient une gare de triage ferroviaire. Mais l'Université de Montréal les a acquis. On y aménagerait de nouvelles facultés de sciences et de médecine et tout à côté un hôpital entièrement neuf.

Projet plus cher (là, on ne sait plus remarquez bien) mais plus beau. On se souvient du débat furieux qui a suivi. Mais le fait est que Mulroney-Johnson venaient d'écarter un site jouxtant la gare de triage après consultation avec les experts

Tout ça s'est réglé en 2005, en commission parlementaire, où le gouvernement libéral a réaffirmé le choix de Saint-Luc. Motifs invoqués: les coûts, la sécurité, le centre-ville à régénérer, etc. On remet ça?

Les problèmes, depuis, se multiplient. Ils étaient tous prévisibles: quand on bâtit sur du vieux, sans terrain, en enjambant des rues, on rencontre des difficultés.

Enfin, pas tous: il était difficile de voir venir l'épisode sublime des héritiers de Louis-Joseph Papineau, qui ont exigé que l'on ne touche pas le square Viger, où trône le patriote Chénier, mort au combat en 1837, et médecin de son état. Le legs de Papineau à la Ville a forcé le CHUM à redessiner son centre de recherche.

Mais quoi qu'il en soit, le train est lancé. Faut-il l'arrêter une quatrième fois? Ça n'a plus de sens. Les motifs de la décision de 2005 n'étaient pas bons? Peut-être, mais cela s'appelle décider.

Si on veut que la construction «proprement dite» commence effectivement en 2010, comme le dit poétiquement le communiqué du CHUM, on ne peut pas tout reprendre sans arrêt.

Quelqu'un a-t-il une pelle?

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