Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

08 janvier, 2007

Dehors la médiocrité!


On doit mettre fin à la culture du je-m’en-foutisme de la STM.

Professeur au Collège Gérald-Godin et détenteur d’une maîtrise en économie internationale de l’Université de Nottingham, en Angleterre.

En 2007, la CAM subira une nouvelle augmentation qui portera son prix régulier à 65$ par mois. Depuis 1998, le tarif régulier de la carte mensuelle a connu une hausse de 20% et si on se fie aux prévisions de la STM, ça ne s’arrêtera pas là. La société de transport prévoit effectivement faire passer la participation des usagers de 47,3% à 50% d’ici cinq ans. Que la hausse des coûts du carburant pèse lourd sur le budget de la société de transport, tout les usagers peuvent le comprendre. D’ailleurs, le service de transport en commun montréalais demeure plus abordable que dans plusieurs autres métropoles. Mais, est-ce que cela justifie de se buter quotidiennement à la mauvaise humeur des chauffeurs? D’être confronté au je-m’en-foutisme des dirigeants? De tolérer le retard, l’absence ou l’insuffisance des services d’autobus? Pour justifier une telle augmentation des tarifs de transport en commun, encore faudrait-il que l’usager aie l’impression d’en avoir pour son argent!

Si personne ne prend le taureau par les cornes à la STM, c’est que ni les chauffeurs, ni les dirigeants ne perçoivent l’urgence de changer un système qui ne fait des victimes que chez les utilisateurs. La clientèle de la STM est captive de ses services et, tant que ça sera le cas, rien ne pourra changer. Ce qui manque à la STM, bien avant des ressources supplémentaires, c’est d’ébranler les colonnes du temple de la médiocrité qui y sévit. Une façon d’y parvenir serait de permettre à d’autres fournisseurs d’exploiter un service de transport en commun dans la métropole.

Permettre la compétition

L’expérience a été tentée au Royaume-Uni depuis 1986, avec la commercialisation des services de transport. Ça a notamment été le cas dans la ville de Nottingham, où une compagnie privée offre un service local et régional d’autobus, malgré l’existence d’un service municipal similaire. Le pari de la compagnie en question, Trent Barton, a été de sélectionner ses chauffeurs sur le volet, notamment à l’aide de tests d’aptitudes, de mener des sondages poussés auprès de la clientèle, de maintenir une flotte d’autobus à la fine pointe de la technologie et du confort ainsi que d’offrir un service fréquent – aux dix minutes en semaine! - à prix raisonnable. La compagnie a préféré se restreindre en termes de territoire pour mettre l’emphase sur la qualité du service et le contact humain entre ses employés et ses clients. La recette a si bien fonctionné que la compagnie Trent Barton a remporté la palme du meilleur transporteur au Royaume-Uni en 1999, 2001 et 2003 et a été nominée à ce titre en 2000 et 2002.

La commercialisation des services de transport en commun à Nottingham aura été l’électrochoc qui a permis aux services municipaux de s’améliorer. À titre d’exemple, Trent Barton a introduit une flotte d’autobus entièrement composée de véhicules à plancher surbaissés pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité restreinte dix ans avant le fournisseur public. Du coup, pour survivre, le service municipal a du s’adapter et améliorer son service : les coûts aux usagers se sont stabilisés, la fréquence et la ponctualité des services municipaux se sont améliorés et la flotte de véhicules a été modernisée.

Un plan cohérent

On pourrait croire que l’entreprise privée se sera taillé une place en ayant recours à la manière forte, en confrontant directement le fournisseur public. Rien ne saurait être plus faux! Dans chacune des municipalités, des partenariats de collaboration ont été signés pour développer les infrastructures de transport en commun de façon cohérente. À ce jour, le fournisseur privé et les autorités publiques continuent de travailler conjointement à l’amélioration du service de transport. Collaboration et complémentarité sont les mots d’ordre.

Le maire Tremblay aura beau avoir les plus beaux projets pour le transport en commun à Montréal, ils ne deviendront réalisables que lorsque la culture du moindre effort dont est atteinte la STM sera chose du passé. Cela a été dit et redit : l’avenir du transport en commun à Montréal passe par l’élaboration d’un plan cohérent, et non pas par l’énoncé vague de grands principes lors des voyages du maire. Ce plan devra impérativement inclure une ouverture à d’autres fournisseurs pour le transport en commun dans la métropole. En attendant, les utilisateurs continueront à payer le prix de la médiocrité.

Aucun commentaire: